Arabe

 

1 PRÉSENTATION

 

Arabes, nom donné aux populations de langue et de culture arabes. Les Arabes, originaires de la péninsule Arabique, se répartissent entre l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et la péninsule Arabique.

Aujourd’hui, les Arabes constituent la majorité de la population de l’Arabie saoudite, des Émirats Arabes unis, du Yémen, de la Syrie, de la Jordanie, du Liban, de la Palestine, de l’Égypte, du Soudan, de la Libye, de la Tunisie, du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie, de la moitié de l’Irak, d’une partie de l’Érythrée et d’Israël. La Ligue arabe, qui regroupe tous les pays arabes, accueille aussi des pays musulmans où des populations de langue arabe minoritaires (Djibouti, Somalie, Comores) ont un rôle dynamique dans les domaines économiques (lien avec les pays pétroliers) et culturels. La langue est le lien commun à tous ces peuples, mais la religion musulmane n’en est qu’un aspect. Il y a des Arabes chrétiens (coptes, catholiques, arméniens, chaldéens) et juifs (jusqu’à leur émigration en masse en Israël et dans les pays occidentaux après 1948).

 

2 L’HISTOIRE

 

Dans l’Antiquité, la civilisation arabe s’est épanouie en Arabie du Sud (royaume de Saba au Yémen du VIIIe siècle av. J.-C. au VIe siècle apr. J.-C.), pays montagneux qui devait sa richesse au commerce des aromates et des épices, et à la culture irriguée en terrasses. C’est dans la région plus rude d’Arabie occidentale, le Hedjaz, et dans la cité marchande de La Mecque qu’est né l’islam, la religion révélée à Mahomet à travers le Coran (v. 610). La diffusion du message de Dieu amena les successeurs du Prophète à conquérir le Proche-Orient, le Maghreb et l’Espagne, et à lancer des expéditions jusqu’en Asie centrale.

 

3 L’ÂGE D’OR DU MONDE ARABE

 

L’âge d’or du monde arabe se situe entre le VIIe et le XIe siècle, période au cours de laquelle s’épanouirent trois grandes dynasties : les Omeyyades (661-750 depuis Damas ; 756-1031 depuis Cordoue) ; les Abbassides (750-1258 depuis Bagdad) ; les Fatimides (905-1048 en Afrique du Nord, et 969-1171 en Égypte).

Des dynasties non arabes prirent ensuite le pouvoir au Maghreb (les Almoravides et les Almohades) et en Orient (les Turcs seldjoukides en 1055, les Mongols en 1258). Les Turcomans et les Mongols convertis à l’islam gouvernèrent l’Asie centrale et l’Inde, y créant de brillantes civilisations (sultanat de Delhi, 1335). Les Mamelouks administrèrent l’Égypte de 1250 à 1517, puis ce fut au tour des Turcs ottomans de dominer le monde musulman méditerranéen de 1517 à 1923.

 

4 LA CIVILISATION ARABE

 

La diffusion de la langue arabe est liée à l’expansion de l’islam à partir du VIIe siècle. Le Coran bénéficia de l’introduction du papier originaire de Chine dans les pays conquis par les Arabes (Samarkand, milieu du VIIIe siècle). Sur ce support léger et transportable, on copia les traductions en arabe des œuvres des philosophes grecs, des traités de médecine, de pharmacie, de mathématiques, de sciences naturelles, d’astrologie et de chimie des savants grecs, romains et persans, mettant ainsi à la disposition d’une élite les connaissances du passé. Beaucoup de ces œuvres de l’Antiquité ne gagnèrent l’Occident qu’à la veille de la Renaissance. Une civilisation fondée sur le livre sacré (le Coran) et l’étude des textes savants (traités, histoire) vit le jour dans les centres religieux (medersa), les palais des califes et sur les marchés. En moins de deux siècles, une seule langue, religieuse, savante et commerciale, eut ainsi cours, de l’Atlantique et des bords du Niger aux rivages de l’océan Indien et aux confins de la Chine.

 

5 LES ARABES AUJOURD’HUI

 

Les nombreux bouleversements que traversèrent les pays arabes n’empêchèrent pas les sentiments nationaux de s’affirmer, mais ne firent pas disparaître le sentiment d’appartenir à un même ensemble culturel et religieux. Le Maroc resta le plus longtemps en dehors des convoitises des conquérants, tandis que l’Égypte devenait peu à peu le centre culturel, géographique et humain du monde arabe. Au milieu du XIXe siècle, dopée par la révolution industrielle, l’Europe remplaça le pouvoir déclinant de la Turquie (colonisation française de l’Algérie en 1830 ; ouverture du canal de Suez en 1869 ; début de l’influence britannique au Proche-Orient). Les pays arabes gagnèrent leur indépendance politique à la fin de la Seconde Guerre mondiale par une évolution souvent chaotique émaillée de conflits violents (guerre d’Algérie, 1954-1962), tandis que l’exploitation du pétrole ouvrait la porte à l’indépendance économique. La crise mondiale des années 1970, jointe à une forte poussée démographique, suscita un retour au fondamentalisme religieux (islamisme).

 

5.1 La religion

 

Supplantant les empires en déclin de Byzance et de Perse, l’islam fascina les populations non arabes avides de renouveau. Elles furent nombreuses à se convertirent en raison de la modernité et de l’universalité représentées par la nouvelle religion. En devenant musulmans, ces convertis (mawalis) échappaient aussi aux taxes frappant les adeptes des religions « protégées » (les dhimmis), les chrétiens, les juifs et les zoroastriens, qui occupaient souvent les fonctions administratives élevées. L’héritage politique et religieux du Prophète a été marqué par une division durable de la communauté musulmane. Les sunnites, majoritaires, s’appuient sur l’ensemble des traditions liées à la vie de Mahomet, la sunna. Pour les chiites, le chef de la communauté, le calife, doit être un descendant direct d’Ali, le gendre du Prophète, la direction spirituelle étant assurée par l’imam. Le chiisme abrite plusieurs courants de pensée, ou « sectes », comme les ismaéliens dont le guide spirituel est l’Agha Khan. Les kharijites, qui constituent la troisième grande division de l’islam, se tiennent en dehors des querelles idéologiques des sunnites et des chiites, et pensent que seule la valeur personnelle de l’individu importe.

 

5.2 Urbanisation

 

Religion de marchands et de caravaniers, l’islam emprunta les routes commerciales à l’intersection desquelles s’édifièrent des caravansérails et des villes. Mahomet voulait unir les Arabes et les incita à prier ensemble dans des mosquées. Celles-ci devinrent le lieu de rencontre des gens de passage, des marchands et des paysans, et s’entourèrent d’échoppes et de maisons d’artisans. L’essor économique attira ensuite les habitants des campagnes. La ville, qui représente la modernité, a été le creuset de la civilisation arabe. Aujourd’hui, elle est le foyer de toutes les contestations en raison de l’explosion démographique, du chômage et de l’insatisfaction à faire bénéficier le plus grand nombre des produits de la société de consommation dont elle est la vitrine inaccessible.

 

5.3 Populations rurales

 

Dans les territoires conquis par les Arabes, les grands domaines passèrent aux mains des conquérants qui introduisirent de nouvelles méthodes de culture comme l’irrigation. Les paysans se convertirent et parlèrent l’arabe comme leurs maîtres, mais les régions pauvres qui opposèrent une résistance aux conquérants préservèrent souvent leurs coutumes, comme chez les Berbères. Aujourd’hui, les plaines côtières et les vallées humides du pourtour méditerranéen sont toujours occupées par l’agriculture. On y trouve aussi la plupart des grandes villes et des industries non pétrolières. Dans les régions montagneuses, les populations, souvent d’origine berbère, pratiquent l’élevage du petit bétail et l’agriculture de subsistance ; la préservation de leur langue et de leurs coutumes sont une de leurs principales revendications. En 1973, forts de l’augmentation du prix du pétrole, les pays pétroliers ont choisi l’industrialisation plutôt que la modernisation de l’agriculture, provoquant un important exode rural vers les cités pourvoyeuses de travail. La crise mondiale a ensuite touché ces pays à l’agriculture jadis riche, comme l’Algérie, les obligeant à acheter leurs céréales à l’étranger pour nourrir une population qui avait doublé en une génération. Au Yémen, la société rurale a trouvé un exutoire à sa pauvreté dans l’émigration (Irak, Arabie Saoudite, Djibouti), interrompue par la guerre du Golfe.

 

5.4 Les Arabes nomades

 

À l’origine de l’islam, le nomadisme était déjà axé sur l’élevage des chameaux destinés aux transports sur de longues distances, les populations conduisant et contrôlant les caravanes. En Afrique du Nord, les Bédouins descendent en général des tribus d’origine arabe fixées sur les plateaux semi-arides au cours de l’histoire. Ils élèvent des chèvres et des moutons, rarement des vaches. Les Touareg du Sahara se reconnaissent comme des Berbères, tandis que les Maures, d’origine arabo-berbère parlent l’arabe hassanya. Si les nomades arabes de Libye, d’Égypte et du Soudan vivent pauvrement, en Arabie Saoudite, les revenus du pétrole ont profondément changé la société où la tente en poil de chameau continue de coexister avec les demeures et les voitures à air conditionné.