Bété, peuple occupant le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, dans un triangle délimité par les villes de Daloa au nord, Soubré à l’est et Gagnoa à l’ouest. Les Bété étaient environ 370 000 en 1985.
Le peuple bété est constitué d’environ 60 p. 100 de ruraux et 40 p. 100 de citadins (habitant principalement Abidjan). Il fait partie de l’ensemble culturel kru et comprend 6 groupes sociaux principaux (Paccolo, Niabré, Zabia, Gbadi, Nékédié, Zedi) répartis en 93 sous-groupes ayant en commun une langue de type kwa de la famille Niger-Congo (Greenberg, 1963) et des pratiques sociales similaires. L’ethnonyme bété s’est forgé au temps de la conquête coloniale et provient des mots « bèteo, bèteo » (« paix, paix ») prononcés par les lignages qui se soumettaient aux militaires français.
D’ascendance patrilinéaire et de résidence patri-virilocale, la société bété est caractérisée par l’absence d’organisation politique centralisée. Le village est à la fois une unité économique et politique au sein de laquelle les patrilignages coopèrent dans la régulation des activités de solidarité, principalement cynégétiques et guerrières. La chasse collective au filet constitue le point fort de ces activités communautaires et son symbolisme demeure un important référent identitaire.
En pays bété, les déterminants écologiques et climatiques (bonne pluviométrie, sols ferrallitiques riches) favorisent l’éclosion d’une forêt dense et d’une agriculture diversifiée, alliant les cultures vivrières (riz, haricot, maïs, diverses variétés de tubercules et de bananes) et les denrées d’exportation (cacao, café) produites par les plantations indigènes qui se sont développées sous la période coloniale.
Hormis leur ferme résistance à la conquête qui a pris fin en 1914, la spécificité oppositionnelle attribuée aux Bété s’est cristallisée dans les années quarante avec la formation des premiers partis politiques. Les Bété adhèrent alors massivement au Parti socialiste africain, contrairement au reste du pays qui adopte majoritairement le Rassemblement démocratique africain du défunt président Houphouët-Boigny. Dès lors, la rumeur ne cesse d’accuser les Bété d’entretenir une idéologie d’autochtonie. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à deux tentatives de coups d’État. Leur mécontentement grandit et se manifeste par une violente révolte paysanne en 1970, étouffée dans le sang, et des velléités de créer une République d’Éburnie (le nom autochtone de la Côte d’Ivoire).