Ewe

 

Ewe (ou Evhe), peuple habitant principalement le sud des républiques du Ghana et du Togo. Ce nom désigne aussi leur langue.

Les Ewe sont organisés en chefferies de filiation patrilinéaire, dont les chefs ou « rois » — dénomination courante sur cette partie des côtes du golfe de Guinée — sont désignés par les notables du lignage et ont un rôle essentiellement religieux. La descendance suit la lignée masculine et la propriété est commune, bien que la possession individuelle de biens personnels soit aussi autorisée. L'héritage se transmet à l'oncle maternel et les biens mobiliers reviennent à l'oncle paternel et aux enfants.

L'économie repose sur l'agriculture de la forêt humide (maïs, manioc, ignames, coton) ; la chasse est le monopole d'une caste spéciale. Les Ewe ont un système judiciaire très développé, et leurs croyances sont voisines de celles des Yoruba. Ils sont, en effet, nés des migrations provenant du royaume yoruba de Tado, lui-même issu des cités-États yoruba d'Oyo et de Ketou.

Au début du XVIe siècle, plusieurs groupes s'établissent autour de la cité actuelle de Notsé, au Togo, où leur chef Agokoli édifie une enceinte « pétrie (dit la tradition) d'argile et de sang humain ». En 1610, l'expansion démographique entraîne le départ d'une partie de la population vers l'ouest, jusqu'à la rive gauche de la Volta (Ghana), où elle fait souche. Ses contacts avec les Ashanti expliquent les influences akan dans leur organisation politique. En 1884, l'explorateur allemand Nachtigal signe un traité avec le grand chef des Ewe qui fait de leur territoire un protectorat allemand. Au cours de la Première Guerre mondiale, les Britanniques de la Côte-de-l'Or et les Français du Dahomey investissent le Togo allemand. En 1922, la Société des Nations scinde le pays ewe entre l'Angleterre et la France. Durant l'époque coloniale qui suit, puis après l'indépendance en 1960, le peuple ewe revendique sa réunification, mais se heurte à la forte opposition des non-ewe, vivant également dans le Ghana moderne et au Togo.