Krahn

 

Krahn, peuple vivant au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, la majorité d’entre eux occupant les régions adjacentes du Liberia. Ils étaient environ 60 000 en 1990.

En provenance du nord-est et de l’est, les Krahn colonisent leur habitat actuel entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Ils sont apparentés aux Wè et font partie de l’ensemble kru. Leur langue, qui comporte des variantes dialectales, est classée dans le groupe kwa de la famille de langues Niger-Congo (Greenberg, 1963). Les Krahn se sont illustrés dans l’histoire récente du Liberia ; un des leurs, le sergent-chef Samuel Doe, a dirigé en 1980 la révolte des peuples autochtones contre les Afro-Américains qui détenaient le pouvoir politique de manière exclusive. En 1989, une guerre civile a opposé les Krahn aux combattants de Charles Taylor soutenus par les groupes mandingues. La guerre a pris fin avec l’élection de Taylor à la présidence de la République le 24 juillet 1998.

Le pays krahn est situé en zone tropicale humide où la forêt secondaire dégradée alterne avec la savane arborée, les palmeraies étant partout abondantes. Les Krahn sont dans leur majorité des agriculteurs pratiquant de savants assolements et la culture de riz irriguée. Ils produisent aussi des céréales telles que le mil et le sorgho. Les Krahn élèvent du petit bétail, s’adonnent à la pêche, et à la chasse. L’exploitation du palmier à huile, des bois tropicaux, la culture du café et du cacao, introduits dans les années trente, constituent des activités lucratives.

La société est organisée en lignages patrilinéaires autonomes, avec résidence virilocale. La pratique de la polygynie et du lévirat est habituelle. Les Krahn forment une société sans État, où les rapports de parenté sont déterminants. Chaque village dispose d’un conseil d’anciens qui assiste le chef de terre. Celui-ci remplit les fonctions sacrificielles, préside aux initiations et supervise les activités des confédérations guerrières. De nombreux masques (les Krahn sont célèbres pour leurs masques à clochettes) incarnent les ancêtres et les esprits des lieux. Environ 4 p. 100 des Krahn (1997) se sont converti au christianisme. La majorité des Krahn reste fidèle à la religion traditionnelle où le culte des ancêtres tient une place importante.