Kru, terme désignant le peuple kru proprement dit (Krumen), et diverses sociétés côtières relevant d’une aire culturelle commune, établis en Côte d’Ivoire et au Liberia.
En Côte d’Ivoire, les Kru sont répartis en quinze groupes, les principaux étant les Dida, les Bété, les Néyo, les Bakwé, les Wè (Guéré et Wobè) et les Krumen — nom donné par les marins anglais aux Kru (ou Krao) de la côte libérienne. À partir de la fin du XVIIIe siècle, d’abord par les Anglais puis par les autres navires européens se livrant au commerce du bois, les Krumen ont été engagés comme membres d’équipages spécialisés dans le guidage des bateaux et surtout dans l’arrimage des billes de bois destinées à l’exportation. Ce sont aussi des pêcheurs émérites.
Le pays kru s’inscrit dans un climat de type guinéen, tropical humide. La forêt dense comporte de nombreuses essences exploitables. L’agriculture occupe davantage les Kru de l’intérieur. Elle repose avant tout sur le riz, base de leur alimentation, les plantes à tubercules (igname, tarot) et différentes espèces de bananes. Les Kru élèvent aussi des bœufs de petite taille (race des lagunes) et s’adonnent aux cultures d’exportation (café, cacao).
Les Kru n’ont jamais formé d’État. Ce sont des sociétés lignagères où la descendance patrilinéaire est déterminante et l’autorité du chef de lignage incontestée. L’ensemble des lignages constitue le groupe tribal. Chaque village comprend des membres de plusieurs lignages. Le mariage, avec résidence patrilocale, crée ou renouvelle les alliances entre les lignages et se particularise par le montant élevé de la compensation matrimoniale. Une autre particularité des sociétés kru réside dans l’importance des confédérations guerrières, fortement liées à la religion traditionnelle, qui régulent les conflits entre les lignages.