Métis (Afrique du Sud), populations d’Afrique du Sud nées des contacts entre les populations bantoues, khoikhoi (Hottentots, Bochimans), blanches, indiennes et indonésiennes (Malais, Javanais) qui peuplèrent le pays et donnèrent naissance à des groupes spécifiques (Métis du Cap, Baastard de Rehobot, Gringas, Hottentots).
Installés au Cap en 1652, les marchands hollandais ouvrent la voie à une immigration de fermiers (Boers), des calvinistes intransigeants et individualistes. Ils s’établissent dans l’intérieur du pays, prenant des domestiques parmi les Hottentots (nom donné par les Européens aux Nama, aux Gona et aux Kora habitant la région). De cette cohabitation naît une population métissée qui se subdivise en plusieurs groupes, cherchant à se démarquer des Bochimans et des Hottentots, et dont les Nama actuels sont probablement les descendants naturels. Un groupe se forme dans le nord-ouest autour de la ville de Rehoboth (aujourd’hui en Namibie) sous le nom de Baastards de Rehoboth, tandis qu’un autre, le plus important, connu par la suite sous le nom de Métis du Cap, continue d’occuper l’arrière-pays du Cap.
En 1803, alors que les Anglais s’apprêtent à évincer les marchands hollandais du Cap et à interdire l’esclavage domestique pratiqué par les Boers, la London Missionnary Society favorise l’établissement de Hottentots et de Métis dans la vallée du fleuve Orange et des rivières Vaal et Hartz. Rejoints par des Bantous (Tswana et Korana), ces derniers finissent par former trois communautés de plusieurs milliers de personnes connues sous le nom de Gricqua et parlant l’afrikaans. Les autorités britanniques, qui comptent s’en faire des alliés contre les Boers, signent des traités avec leurs dirigeants, Cornelis Kok et Waterboer (1834-1843). Mais les Gricqua ne peuvent résister aux Boers qui profitent de leur crédulité en matière financière pour annexer leurs terres à l’État libre d’Orange qu’ils viennent de créer (1854). La découverte de diamant à Kimberley achève de les déposséder et de les marginaliser.
C’est pour enrayer le métissage grandissant de la population que les milieux afrikaners conservateurs édictent les premières mesures d’apartheid au début du siècle (une des premières lois porte sur l’interdiction des mariages mixtes). Les Métis occupent une des quatre places dans l’échafaudage racial (Blancs, Métis, Indiens, Noirs). Mais ce classement, est établi d’après le seul aspect physique, et peut donner lieu à contestation : les tenants de l’apartheid introduisent, au cours des années soixante, une classification des Métis à partir des ascendants (grands-parents, etc.). En privilégiant les critères physiques et ethniques, l’idéologie de l’apartheid touche tous les groupes de la société, et s’emploie à les isoler les uns des autres. Néanmoins, les Métis d’Afrique du Sud (de même que les Indiens) sont nombreux à s’engager dans l’African National Congress (ANC), le mouvement multiracial créé en 1912 après l’élaboration des premières lois contre le métissage. Pendant les dernières années de l’apartheid, le pouvoir tente vainement d’enrayer les revendications des Noirs en créant des parlements spécifiques pour les Métis et les Indiens, mais la majorité des Métis sont depuis longtemps convaincus que la pratique du « développement séparé » touche à sa fin.