Nyamwezi

 

Nyamwezi, peuple de langue bantoue (kinyamwesi) du centre du Tanganyika (Tanzanie), vivant entre Tabora et le lac Victoria, dans la région appelée Unymawesi ou Bunyamwesi (« Pays de la lune », en langue locale).

Les Nyamwesi sont liés pour des raisons historiques et commerciales aux Sukuma du sud du lac Victoria et aux Tabwa de l’est du lac Tanganyika. Patrilinéaires, les Nyamwesi étaient divisés en plusieurs chefferies indépendantes gouvernées par des chefs ou rois (ntemi), pour lesquels ils fabriquaient des objets usuels en bois sculpté aux lignes sobres et à leur image. Leur art a beaucoup influencé leurs voisins. Aujourd’hui, autant sous l’influence de l’islam que des missionnaires, beaucoup ont abandonné le culte des ancêtres et la polygamie. Ils vivent de l’élevage du bétail et d’un peu d’artisanat. Comme par le passé, la pauvreté du sol les pousse à s’expatrier comme travailleurs saisonniers (autrefois comme porteurs), sur la côte, dans les plantations et les ports.

Les Nyamwesi jouent un rôle important tout au long du XIXe siècle dans l’établissement des routes commerciales entre la côte de l’océan Indien et les grands lacs (lacs Victoria et Tanganyika). Libérés des tâches agricoles pendant la saison sèche, les Nyamwesi s’engagent comme porteurs tout au long de l’axe reliant Bagamoyo (sur le continent, en face de Zanzibar) à Tabora, point de départ des deux grandes pistes vers le lac Victoria et le comptoir commercial d’Ujiji, sur le lac Tanganyika. Sur cette route menant au cœur du continent, les premiers explorateurs constatent que les Nyamwesi sont habitués à cette activité de porteurs « chargés, dès leur plus jeune âge, d’un petit morceau d’ivoire » (John Speke, À la découverte des sources du Nil, 1863). L’ivoire, dont ils sont les chasseurs, les fournisseurs et les porteurs, leur permet de se procurer des fusils pour protéger et étendre leur domaine.

Vers 1860, Mirambo (le « Napoléon africain », selon Stanley, un explorateur britannique), un chef héréditaire, prend exemple sur l’organisation militaire de la grande tribu des Nguni, dont il a été le prisonnier, pour soumettre les chefferies voisines et se constituer un empire commercial. Il en est de même de Nyungu ya Mawe, un autre chef traditionnel qui contrôle la route jusqu’à la côte, instituant, comme Mirambo, un péage pour les marchandises des commerçants swahili. M’siri n’est pas un Nyamwesi à proprement parler mais un Subwa qui participe à leur commerce. À la même époque, il suit son père au Katanga et finit par étendre son pouvoir dans cette région jusqu’au lac Tanganyika où son œuvre lui survit à travers le royaume des Yeke. Mirambo et Nyungu ya Mawe meurent en 1884 et leurs « empires » ne survivent pas à l’arrivée des colonisateurs européens.