Sara

 

Sara, peuple d’Afrique comportant différents sous-groupes (Madjingaye, Goulaye, Nat, Ngama, Djioko, Kumra, Gor…), vivant à l’extrême sud du Tchad, dans les vallées du Logone et du Moyen Chari, et au nord de la République centrafricaine.

Les groupes sara sont à l’origine des royaumes du Baguirmi et du Fittri (XVIe siècle), assez puissants pour parvenir à contenir, pendant plus de trois siècles, les raids des chasseurs d’esclaves arabes et peul, dont les prises alimentent la traite transsaharienne.

Sous la colonisation française, les Sara, réputés résistants au travail, sont massivement recrutés comme travailleurs de force pour la construction du chemin de fer Congo-Océan (1922 à 1934) qui relie Brazzaville à Pointe-Noire, au Congo. Après l’indépendance du Tchad, ils fournissent de nombreux responsables politiques, parmi lesquels François Tombalbaye, le premier président de la République, ainsi que son successeur, François Malloun. L’importance du nombre des intellectuels d’origine sara s’explique par l’enseignement dispensé par les écoles chrétiennes, les Sara étant christianisés à plus de 30 p. 100, malgré un récent mouvement de conversion à l’islam. La langue sara, qui regroupe plusieurs formes dialectales, est classée dans le groupe de langues chari-nil de l’ensemble Nilo-Saharien (Greenberg, 1963).

Établis en zone de forêt secondaire claire et de savane, les Sara sont avant tout des agriculteurs qui cultivent principalement des produits vivriers parmi lesquels divers tubercules, tels que l’igname et surtout le mil et le sorgho qui tiennent une grande place dans leur alimentation. Depuis la colonisation française, le coton s’est imposé comme culture de rapport. Dans l’organisation traditionnelle de la société sara, le village constitue l’unité politique de base. Chaque village, composé de familles patrilinéaires, est indépendant. Un conseil d’anciens assiste le chef de village qui détient en outre des pouvoirs rituels importants, et notamment celui de diriger les cérémonies d’initiation, le yondo. Cette initiation est l’objet d’étude du célèbre livre de Robert Jaulin, la Mort sara (1965).