1 PRÉSENTATION
Toucouleur, peuple d’Afrique occidentale vivant au Sénégal et en Mauritanie, le long du fleuve Sénégal, dans la région du Fouta-Toro.
Les Toucouleur représentent environ 10 % de la population du Sénégal.
2 HISTOIRE
Le nom francisé de Toucouleur viendrait de celui de l’ancien royaume de Tekrour qui s’est épanoui sur la rive gauche du Sénégal entre les IXe et XIe siècles. Le royaume aurait été fondé par des Peul qui se seraient établis et sédentarisés dans la vallée du Sénégal, se mêlant aux autres peuples (notamment les Sérères et les Wolof). Islamisés dès le XIe siècle à la suite de leur chef Wari Dyabi, les Toucouleur deviennent d’ardents propagateurs de l’islam, et convertissent les populations de la vallée. Plusieurs dynasties d’origine peul, mandingue et sérère, se succèdent jusqu’en 1776, date à laquelle la dynastie peule (païenne) des Denianké est renversée par les Torobé (littéralement « hommes de prières », élite de la société toucouleur), qui fondent une confédération théocratique dirigée par un almami (« guide des croyants ») peu influent. Au XIXe siècle, le dernier grand conquérant toucouleur, el-Hadj Omar, lance un djihad et conquiert plusieurs états non-islamiques bambara et mandingues dans la cuvette du Sénégal-Niger. L’hégémonie toucouleur prend fin lors de la conquête coloniale française menée par le général Faidherbe, avec la mort de el-Hadj Omar en 1864.
À la fin des années 1980, de violents affrontements ont lieu entre Maures (population arabophone de Mauritanie) et Toucouleur, autour de la vallée du Sénégal, provoquant des déplacements de population de part et d’autre du fleuve.
3 ORGANISATION SOCIALE TRADITIONNELLE
Les Toucouleur se nomment eux-mêmes haalpulaar, « ceux qui parlent pulaar » — le pulaar est une version légèrement différente de la langue peule, le fulfulde.
Les Toucouleur sont un peuple à la fois d’éleveurs et de cultivateurs (essentiellement mil et arachide). La société traditionnelle est fortement hiérarchisée, en trois groupes principaux. L’élite, dominante politiquement et économiquement, est constituée par les Rimbbé, qui comprennent les Torobé, les Fulbé (éleveurs), les Jaawanbbé (courtisans et conseillers politiques), les Sebbé (chasseurs-guerriers) et les Subalbbé (pêcheurs). Les Nyényebé, des hommes libres mais dépendants des Rimbbé, sont constitués par deux groupes : les « habiles », exerçant des métiers manuels (tisserands, cordonniers, forgerons, bijoutiers, etc.) et les « flatteurs », exerçant des activités récréatives et laudatives envers les Rimbbé (griots, généalogistes, chanteurs, musiciens). Le bas de l’échelle sociale est occupé par les Jyaabbé, des hommes non-libres, esclaves ou affranchis. Aujourd’hui encore, cette hiérarchie sociale reste forte au sein de la communauté toucouleur.
L’organisation familiale est également hiérarchisée, marquée par l’importance du lignage (lenyol) et des familles étendues (galle), à structure patrilinéaire.