Tutsi, population habitant la région interlacustre d’Afrique centrale, principalement le Rwanda et le Burundi ainsi qu’une petite partie de la Tanzanie limitrophe.
Les Tutsi, présentés le plus souvent comme un peuple hamitique, sont probablement originaires de la vallée du Nil. Ils s’établirent progressivement entre le Xe et le XVe siècle dans la région des grands lacs africains où vivaient les Twas, peuple de pygmées et les Hutu, agriculteurs d’origine bantoue. Ces pasteurs constituaient une minorité numérique au sein des royaumes qui existaient alors. Vers le XVIIe siècle, un royaume gouverné par les Tutsi s’était développé sur la plus grande partie du territoire de l’actuel Rwanda (à l’exception du Sud-Ouest).
Le système politico-religieux était extrêmement hiérarchisé : le roi ou mwami, image du dieu suprême Imama, était entouré d’une aristocratie tutsi qui fondait son pouvoir sur la possession du bétail. La gestion directe des ressources du royaume appartenait aux chefs de pâturage — pour l’essentiel des Tutsi —, aux chefs de sol — le plus souvent des Hutu — et la défense du royaume relevait des chefs d’armée, recrutés parmi les Tutsi et les Hutu. La masse des sujets du roi, Tutsi comme Hutu, partageait le même sort. Les mariages mixtes étaient fréquents. Une langue commune s’était élaborée, le kinyarwanda ou le kirundi, apparentée aux langues bantoues (voir Afrique, langues d’).
Le régime colonial, allemand puis belge après la Première Guerre mondiale, institutionnalisa le clivage entre les communautés. Le système d’administration indirecte qui fut appliqué au Rwanda-Burundi, sous mandat de la Société des Nations (SDN), favorisa la domination de l’aristocratie tutsi. À partir de 1934-1935, Tutsi et Hutu furent officiellement séparés en deux «ethnies», l’appartenance à l’un ou à l’autre groupe devant être obligatoirement mentionnée sur le livret d’identité.
Au Burundi, la domination politique et économique de la minorité tutsi — 12 à 14 p. 100 de la population — se maintint jusqu’en 1992, date à laquelle fut instauré un partage du pouvoir. Au Rwanda, la majorité hutu, soutenue par l’Église catholique et, à partir de 1959, par l’administration coloniale, prit le pouvoir en 1961. Trois ans auparavant, les Tutsi avaient été victimes de massacres perpétrés par les Hutu en révolte. L’histoire du pays, comme celle de son voisin burundais, devait être marquée par des massacres intercommunautaires périodiques. Les derniers, qui, après l’assassinat, en avril 1994, des deux présidents, hutu, du Burundi et du Rwanda, furent commis par les Hutu au pouvoir et visèrent les Tutsi, ont été qualifiés de génocide par l’ONU. Un tribunal pénal international a été institué pour juger les responsables des massacres qui ont touché également les Hutu politiquement modérés, faisant entre 500 000 et 1 million de victimes.
À l’issue de la guerre civile, le Front populaire rwandais (FPR), tutsi, prit le pouvoir au Rwanda.