Yao

 

Yao (peuple), peuple d’Afrique orientale vivant dans la région du lac Malawi, au Malawi, au Mozambique et dans le sud de la Tanzanie.

Les Yao constituent des chefferies indépendantes dispersées au milieu d’autres peuples, aboutissement d’une longue histoire dans laquelle le commerce tient une place essentielle. Au début du siècle, ils s’opposent à la mainmise des compagnies concessionnaires européennes sur leurs terres. Leur leader, John Chilembwe, nommé pasteur aux États-Unis, fonde sa propre église mais est assassiné à son retour par les colons. Impliqués dans le commerce à longue distance à l’époque précoloniale, les Yao sont influencés par les musulmans swahili. Ils assurent traditionnellement le commerce entre la côte et l’intérieur, tiennent la route de Kilwa, au sud de Zanzibar, jusqu’au lac Malawi et à la moyenne vallée du Zambèze, échangeant tissus et objets en fer contre des esclaves, de l’ivoire et de la cire.

Au milieu du XIXe siècle, la forte demande en ivoire destiné à l’Europe les pousse à se procurer des fusils pour la chasse à l’éléphant. Cet armement sert aussi à la chasse aux captifs à grande échelle, provoquant un effondrement des petits pouvoirs locaux au profit des commerçants organisés en bandes armées appelées parfois ruga-ruga (razzieurs d’esclaves) et comprenant aussi bien des Yao que des Bisa et des Chikunda (métis de Portugais établis dans la vallée du Zambèze). Cette traite des esclaves généralisée est dénoncée par le missionnaire écossais David Livingstone. Les chefs yao sont alors fascinés par la civilisation swahili et s’efforcent d’en adopter les coutumes (notamment le vêtement) et même l’architecture, comme le fait le chef Mataka pour sa capitale édifiée dans le style arabo-swahili. L’islam finit par s’implanter chez les Yao et les peuples voisins, mais donne rapidement naissance à un syncrétisme avec la religion traditionnelle. Réunies en structures importantes, les petites chefferies yao empêchent les arabo-swahili de dominer leur territoire et les obligent à verser de l’argent à des péages pour leurs marchandises.

Aujourd’hui, les Yao sont cultivateurs et élèvent du petit bétail, joignant à ces activités la chasse et la pêche pour ceux qui vivent au bord du lac Malawi. De filiation matrilinéaire avec résidence de l’époux dans la famille de l’épouse, certains ont conservé le culte des ancêtres, les pratiques magiques et l’initiation des adolescents.