Yeke, peuple d’Afrique vivant dans le sud-est de la République démocratique du Congo, dans la province du Shaba (dans les environs de Bunyeka).
Descendants des Subwa (chasseurs, guerriers et commerçants), les Yeke, ou Bayeke (environ 20 000 individus), sont originaires du nord-est de la Tanzanie actuelle. Sous la conduite du roi M’siri, ils s’installent au Shaba au milieu du XVIIIe siècle, soumettent les autochtones sanga et créent un puissant royaume. La richesse supposée — et plus tard avérée — du sous-sol (bassin cuprifère du Shaba), attise les convoitises des puissances européennes. Le roi des Belges, Léopold II, réussit à intégrer la région à son immense colonie du Congo.
Les Yeke opposent une forte résistance à la colonisation. En 1891, le roi M’siri est tué au cours d’un engagement contre les forces d’occupation. Puis le peuple yeke subit l’influence du kitawala, culte chrétien protestant syncrétique affichant son hostilité envers les colonisateurs. Les Belges utilisent la royauté yeke comme relais de l’administration coloniale, conférant ainsi à ce peuple un poids politique sans rapport avec sa faiblesse démographique. Les Yeke jouent un rôle important dans l’éphémère État du Katanga (1960-1963), le petit-fils du roi M’siri, Godefroid Munongo, prenant le poste de ministre de l’Intérieur.
Les Yeke occupent une région de plateaux couverts de savanes où sévit une longue saison sèche. Ils sont en majorité agriculteurs, pratiquent la culture itinérante sur brûlis et produisent essentiellement des cultures vivrières, le maïs et le manioc constituant la base de leur alimentation. Ils se répartissent en onze lignages principaux, patrilinéaires et virilocaux (les époux résident auprès de la famille du mari). L’influence chrétienne, catholique et protestante, est très forte. Mais la religion traditionnelle, qui mêle des emprunts aux ancêtres subwa et au peuple sanga, garde son influence dans les rites thérapeutiques ou initiatiques visant à consolider ou à restaurer l’identité yeke des postulants. La langue des Yeke, le kiyeke, du groupe bantou (de la famille Niger-Congo ; Greenberg, 1963) n’est plus utilisée que dans les cérémonies. Le kisanga et le swahili, langues véhiculaires, sont les plus couramment utilisées.