Yoruba

 

Yoruba, peuple d'Afrique occidentale de langue kwa habitant le sud-ouest du Nigeria, le sud du Bénin, et une partie du sud du Togo.

Les deux tiers des Yoruba pratiquent l'agriculture de subsistance (maïs, manioc, banane plantain, igname) et des cultures industrielles (palmier à huile, cacao). La tradition yoruba est néanmoins urbaine, les villages étant intimement liés à la ville, ceux qui ont émigré dans les cités conservant un champ avec une case. Les citadins sont des commerçants et des artisans, dont les activités portent sur la métallurgie (forgerons, fondeurs, graveurs sur cuivre), la sculpture sur bois (autrefois sur ivoire), la confection de vêtements et la broderie. L'apprentissage se fait d'une génération à l'autre, mais plus généralement dans des ateliers sous la direction d'un maître lorsqu'il s'agit d'artisanat d'art (sculpture). Les Yoruba ont produit des chefs-d'œuvre en terre cuite, en bois et en ivoire sculptés et en alliage (laiton et bronze) à la cire perdue, comme les célèbres têtes d'Ife, d'Owo et les bronzes du Bénin.

La religion traditionnelle yoruba, inspiratrice du vaudou, s'appuie sur la croyance en un dieu créateur, Olodumare, régnant sur quatre cents orisha (divinités secondaires) et des esprits de la nature logés dans des arbres, des rochers, des cours d'eau. Les raisons de leur courroux sont connues par la divination (ifa) auprès du dieu Orunmila, assistant d'Olodumare. Les maux entraînés par un manquement aux rites sont éradiqués par l'intervention de guérisseurs qui sont autant devins que médecins. Si Olodumare est le souverain suprême et lointain, Ogun, dieu de la guerre et du fer, est celui des forgerons. Le plus connu est toutefois Shango, le dieu du tonnerre, dont la manifestation, au Sahel central où on le connaît sous ce nom, est annonciatrice du début de la saison des pluies. Les légendes portant sur la vie des grandes figures du panthéon yoruba n'ont rien à envier à celles de l'Olympe des Grecs. Des cultes sont rendus à ces divinités par des prêtres et par un certain nombre de sociétés secrètes, dont certaines fêtes peuvent être publiques et font appel à des masques, parfois en cimiers (société gelede). Ces sociétés secrètes ont aussi un rôle d'harmonisation et d'encadrement social. L'une des plus influente est la société ogboni qui réunit les notables du village.

La religion yoruba est à l'origine du vaudou, terme qui qualifie la religion des voduns (« divinités ») dans l'actuelle république du Bénin et au sud du Togo. Ces croyances emportées par les esclaves originaires de cette côte du golfe de Guinée ont donné naissance au vaudou pratiqué dans les Caraïbes et au candomblé au Brésil.

Aujourd'hui, beaucoup de Yoruba sont chrétiens, comme le général Olusegun Obasanjo, président du pays depuis mars 1999, ou musulmans, comme l'ancien milliardaire Moshood Abiola, mort en prison en 1998 sous le régime de Sani Abacha. Christianisme et islam sont considérés comme des signes de modernité, mais les Yoruba restent très respectueux des croyances traditionnelles.

Les Yoruba ont été à l'origine des grandes cités-États qui se sont épanouies au sud-ouest du Nigeria et dont la fondation est attribuée à leurs dieux. La première, Ife (XIIe-XVe siècle), fondée par l'orisha Oduduwa, est considérée comme leur ville sainte, et les différentes formes de vaudou pratiquées dans le Nouveau Monde (Brésil, Caraïbe) s'y réfèrent comme à un lieu céleste. Il en est de même pour Oyo, Benin, Ijebu et Ilorin dont les fondateurs ont été divinisés. Chacune de ces cités-États a développé sa spécificité et s'est trouvée en concurrence avec sa voisine. La fondation d'une cité était souvent due à la trop grande prospérité d'une autre qui se scindait, ou à un conflit de lignage. Au XVIIe siècle, les Yoruba établirent le royaume d'Oyo, dans la région située entre l'ancien Dahomey (l'actuel Bénin) et le fleuve Niger. Et c'est à partir d'Oyo, fondée par Shango lui-même (le dieu de la foudre), que des groupes de Yoruba émigrèrent vers l'ouest pour créer des chefferies. Elles ont donné naissance à des royaumes et à des peuples (les Fon au Dahomey, les Ewe au Togo), par alliances ou intégration des populations locales.